LA REINE DE SABA

 

Premier livre des Rois, chapitre 10 versets 1 à 13
≈ Deuxième livre des Chroniques, chapitre 9 versets 1 à 12 :
« La reine de Saba apprit la renommée de Salomon et vint à Jérusalem éprouver Salomon par des énigmes. Elle arriva à Jérusalem avec une très grande suite, des chameaux chargés d'aromates, d'or en énorme quantité et de pierres précieuses. Quand elle arriva près de Salomon, elle lui proposa tout ce qu'elle avait médité, mais Salomon l'éclaira sur toutes ses questions et aucune ne fut un secret qu'il ne pût élucider. […] Quant au roi Salomon, il offrit à la reine de Saba tout ce dont elle manifesta l'envie, en plus des cadeaux qu'il lui fit avec une munificence digne du roi Salomon. Puis elle s'en retourna et alla dans son pays, elle et ses serviteurs. »


Ce récit parle de la visite chez le roi Salomon à Jérusalem d'une reine du royaume de Saba dont le nom n'est même pas mentionné. L'Ancien Testament ne précise pas exactement où se trouvait ce royaume et les historiens ont du mal à en établir les frontières avec certitude. Cette rencontre qui eut lieu selon les textes vers le Xème siècle avant Jésus-Christ, semblait être avant tout un moyen de créer de nouvelles relations commerciales entre les Israélites et les Sabéens.

Le royaume de Saba se trouvait à peu près à l'emplacement actuel du Yémen, dans le sud-ouest de l'Arabie. Des fouilles archéologiques ont confirmé cette possibilité notamment avec quelques temples et palais découverts dans la région. Cette reine appelée Bilquis (Bilkis) par les Yéménites fait la fierté de tout le pays notamment pour son courage et ses connaissances militaires bien qu'aucune fouille n'ait révélé de preuve matérielle (écriture sur un mur, sculpture ou peinture) concernant l'existence même de cette femme.

Cependant pour les Éthiopiens cette rencontre était bien plus qu'une simple affaire de commerce et de démonstration de sagesse. Selon le Kebra Nagast (« la Gloire des Rois »), livre servant à légitimer la dynastie des empereurs éthiopiens, cette reine vivait non pas en Arabie mais à Aksoum, ancienne capitale de l'Éthiopie et s'appelait Makéda. Même si les textes les plus anciens parlant de cette ville ne datent que du premier siècle de l'ère chrétienne (alors que la reine de Saba est censée avoir vécue autour du Xème siècle avant Jésus-Christ), il n'est pourtant pas impossible qu'elle est été fondée bien avant.
Les historiens sont partagés concernant l'origine, voire l'existence, de cette femme ; certains pensent qu'elle vient du sud de l'Arabie et d'autres de l'Afrique de l'Est. Toutefois, le Yémen et l'Éthiopie ont formé pendant longtemps un unique royaume ; en effet, il semblerait que pendant le premier millénaire avant Jésus-Christ des Sabéens aient colonisé l'Afrique de l'Est mais que lors de la grandeur du royaume d'Aksoum, vers le IVème siècle de notre ère, ce fut l'inverse.
Cependant d'après le Kebra Negast, l'empire de la reine de Saba s'étendait de Madagascar à l'Égypte et c'est parce qu'à une certaine époque elle a conquis le royaume de Saba qu'on l'a appelée comme ça. Toujours d'après ce livre, c'est après avoir terrassé un serpent géant incarnant les forces du mal que le peuple l'aurait élue reine et que ses pieds se seraient transformés en sabots. Pendant son règne, elle aurait rendu visite au roi Salomon comme le décrit la Bible pour qu'il lui prouve sa sagesse.

Mais la tradition a rajouté des éléments à ce séjour. En effet Salomon, qui, d'après les textes, aurait possédé au cours de sa vie environ 700 femmes et 300 concubines venant des quatre coins du globe, comptait bien obtenir les faveurs de Makéda. Celle-ci refusa de se donner à lui car d'après les règles de la royauté d'Aksoum, les impératrices devaient impérativement rester vierges avant le couronnement d'où son nom Makéda qui signifie « celle qui est pure ». La reine de Saba était hébergée par Salomon quelque part près de Jérusalem et elle lui avait dit qu'elle n'aurait besoin d'aucun des ses biens pendant tout le temps qu'elle serait là. Il lui fit promettre qu'elle ne lui prendrait rien sinon il romprait sa parole de ne pas coucher avec elle. Après un repas très épicé organisé par le roi d'Israël, la reine et sa servante allèrent la nuit tombée se désaltérer avec l'eau d'une cruche appartenant à Salomon ; ce dernier les surpris en train de boire et décida de coucher successivement avec les deux.
Plus tard, elles prirent congé de lui et rentrèrent à Aksoum où chacune accoucha d'un fils. Le fils de Makéda, Ménélik, prit la succession de sa mère à sa mort et sa dynastie, dite Salomonide, aurait régné jusqu'au Xème siècle après Jésus-Christ avant d'être remplacée par la dynastie Zagoué qui affirmait descendre de la servante de Makéda et de Salomon. La dynastie Salomonide ne sera restaurée qu'en 1270 avec Ekuno Amlak et durera jusqu'en 1974 avec la destitution de Haïlé Sélassié Ier.
La tradition éthiopienne raconte aussi que quand Ménélik fut adolescent, il retourna voir son père en Israël qui lui demanda s'il voulait prendre sa succession ce qu'il refusa. En quittant Jérusalem, il aurait rapporté avec lui l'Arche d'Alliance de Moïse (et d'Indiana Jones). Deux versions existent : soit c'est Salomon qui lui aurait donné, soit Ménélik aurait remplacé la vraie par une copie et serait rentré discrètement chez lui avec l'authentique. L'Église orthodoxe éthiopienne affirme encore aujourd'hui détenir l'Arche dans une chapelle de la cathédrale Sainte Marie de Sion à Aksoum où seul un gardien est autorisé à pénétrer.


crédits : Gabagoo / Nancy

Cantique des Cantiques, chapitre 1 versets 5 et 6 :
« Je suis noire et pourtant belle, filles de Jérusalem, […]
Ne prenez pas garde à mon teint basané :
C'est le soleil qui m'a brûlée. […] »


Les cantiques sont des chants bibliques, celui-ci est supposé avoir été écrit par Salomon et par son nom d'être le plus beau ou le plus important. Il raconte son amour avec une étrangère qui peut vraisemblablement être la reine de Saba. La bien-aimée en question est décrite comme une femme noire très belle et très douce avec laquelle le roi d'Israël a des pratiques assez érotiques…

 

Évangile selon saint Matthieu, chapitre 12 verset 42 
Évangile selon saint Luc, chapitre 11 verset 31 :
« La reine du Midi se lèvera lors du Jugement avec cette génération et elle la condamnera, car elle vint des extrémités de la terre pour écouter la sagesse de Salomon, et il y a ici plus que Salomon ! »


Le Nouveau Testament se réfère lui aussi à la reine de Saba appelée ici reine du Midi (sud) en lui donnant un rôle capital pour le jour du Jugement dernier.

 

Isaïe, chapitre 60 versets 5 et 6 :
« Alors, tu [Jérusalem] verras et seras radieuse,
ton cœur tressaillira et se dilatera,
car les richesses de la mer afflueront vers toi,
et les trésors des nations viendront chez toi.
Des multitudes de chameaux te couvriront,
des jeunes bêtes de Madiân et d'Épha ;
tous viendront de Saba,
apportant l'or et l'encens
et proclamant les louanges de Yahvé. »

Ézéchiel, chapitre 27 verset 22
« Les marchands de Sheba [Saba] et de Rama faisaient du commerce avec toi ; ils te livraient les plus fins aromates, toutes sortes de pierres précieuses et de l'or comme marchandises. »


Ces deux passages rappellent les cadeaux donnés par la reine de Saba au roi Salomon (aromates, or et pierres précieuses). Ces offrandes ressemblent beaucoup à celles apportées par les rois mages à Jésus-Christ quelques jours après sa naissance sa naissance (or, encens et myrrhe).
Même si la Bible raconte que ces souverains venaient d'Orient (est), il est traditionnellement dit que Melchior venait d'Éthiopie, et pendant bien longtemps son pays et le royaume de Saba n'en ont formé qu'un seul. De plus, Saba était depuis des siècles une étape importante pour le commerce de l'encens et l'Éthiopie une grande exportatrice d'or, de pierres précieuses et semi-précieuses.
L'Église orthodoxe éthiopienne estime quant à elle que les trois rois mages venaient d'Éthiopie et qu'ils faisaient partie de la famille royale.

 


Affiche du film « Salomon et la Reine de Saba » (Solomon and Sheba)
réalisé par King Vidor en 1958