TEXTES GRECO-ROMAINS
Extraits de textes antiques à propos de la crainte de la chute du ciel :
Géographie (Geographica) - livre VII, chapitre 3, 8
Strabon, né vers -63 à Amasée (actuelle Turquie) et mort vers -23 à Amasée, citant Ptolémée
Durant la même expédition (c'est Ptolémée, fils de Lagus, qui raconte le fait), Alexandre reçut une députation des Celtes de l'Adriatique chargée de conclure avec lui un pacte d'alliance et d'amitié. Il fit à ces Barbares le plus cordial accueil, et, dans la chaleur du festin, se prit à leur demander ce qu'ils redoutaient le plus au monde, croyant bien qu'ils allaient prononcer son nom ; mais leur réponse fut qu'ils ne redoutaient rien que de voir le ciel tomber sur eux que, du reste, ils attachaient le plus haut prix à l'amitié d'un homme tel que lui. Or, n'avons-nous pas là encore la preuve de la simplicité barbare ? D'un côté, ce roi qui refuse à Alexandre l'entrée de son île pour lui envoyer ensuite des présents et s'unir à lui d'amitié ; et de l'autre, ces ambassadeurs gaulois qui déclarent ne rien craindre au monde, mais ne rien tant priser aussi que l'amitié des grands hommes !
Anabase - livre I, chapitre 4
Arrien de Nicomédie, né vers 90 à Nicomédie (actuelle Turquie) et mort vers 180 à Athènes
Là, il [Alexandre le Grand] reçoit les envoyés de plusieurs peuples libres des rives de l'Ister, de Syrmus, roi des Triballiens, et des Celtes qui bordent le golfe Ionique. Les Celtes ont une haute stature, et un grand caractère ; ils venaient rechercher l'amitié d'Alexandre. La foi fut donnée et reçue. Alexandre demanda aux Celtes ce qu'ils craignaient le plus au monde, persuadé que son nom s'étendait dans leurs contrées et au-delà, et qu'il' était pour eux l'objet le plus redoutable. Il fut déçu dans cette pensée : en effet, habitants des lieux d'un accès difficile, éloignés d'Alexandre qui tournait ailleurs l'effort de ses armes, ils répondirent qu'ils ne craignaient que la chute du ciel. Alexandre les congédia, en leur donnant les titres d'amis et d'alliés, et se contenta d'ajouter : « Les Celtes sont fiers. »
Extraits de textes antiques à propos de la fondation de Lyon (Lugdunum) :
uvres Morales - tome 5, Des noms des fleuves et des montagnes et des choses remarquables qui s'y trouvent, chapitre 6 (l'Arar)
Attribué à Plutarque, vers le IIème siècle
Près de l'Arar [la Saône] se trouve le mont Lugdunus, qui changea aussi de nom, et pour la raison que voici : Momoros et Atepomaros, chassés par Sereroneos, vinrent sur cette colline, d'après l'ordre d'un oracle, pour y bâtir une ville. On creusait les fossés pour les fondations quand tout à coup apparurent des corbeaux qui, volant ça et là, couvrirent les arbres des alentours. Momoros, qui était habile dans la science des augures, appela la ville nouvelle Lugdunum. Car dans leur langue, le corbeau se nomme lougos et un lieu élevé dounon ainsi que nous l'apprend Clitophon au livre treizième des Fondations.
Extraits de textes antiques à propos de la fondation d'Alésia :
Bibliothèque Historique - livre V, chapitre 24
Diodore de Sicile, né vers -90 à Agyrion (Sicile) et mort vers -20
Traduction : Ferdinand Hoefer
Après avoir parlé des îles situées à l'occident, nous croyons à propos de dire un mot des nations voisines de l'Europe, que nous avons omises dans les livres précédents. Jadis régnait, dit-on, un homme célèbre dans la Celtique, qui avait une fille d'une taille et d'une beauté sans pareille. Fière de ces avantages, elle refusa la main de tous les prétendants, n'en croyant aucun digne d'elle. Dans son expédition contre Géryon, Hercule s'arrêta dans la Celtique, et y construisit la ville d'Alésia. Elle y vit Hercule, et, admirant son courage et sa force extraordinaire, elle s'abandonna à lui très-volontiers, et aussi avec le consentement de ses parents. De cette union naquit un fils nommé Galatès, qui surpassa de beaucoup ses compatriotes par sa force et sou courage. Arrivé à l'âge viril, il hérita du trône de ses pères. Il conquit beaucoup de pays limitrophes, et accomplit de grands exploits guerriers. Enfin, il donna à ses sujets le nom de Galates (Gaulois), desquels tout le pays reçut le nom de Galatie (Gaule).
Extraits de textes antiques à propos d'Ambigatos, de Bellovèse et de Ségovèse :
Histoire de Rome depuis sa Fondation (Ab Urbe Condita) - livre V, chapitres 34 et 35
Tite-Live, né vers -60 à Padoue (actuelle Italie) et mort en 17 à Padoue
Pour ce qui est du passage des Gaulois en Italie, voici ce qu'on en raconte : à l'époque où Tarquin l'Ancien régnait à Rome, la Celtique, une des trois parties de la Gaule, obéissait aux Bituriges, qui lui donnaient un roi. Sous le gouvernement d'Ambigatus, que ses vertus, ses richesses et la prospérité de son peuple avaient rendu tout-puissant, la Gaule reçut un tel développement par la fertilité de son sol et le nombre de ses habitants, qu'il sembla impossible de contenir le débordement de sa population. Le roi, déjà vieux, voulant débarrasser son royaume de cette multitude qui l'écrasait, invita Bellovèse et Ségovèse, fils de sa sur, jeunes hommes entreprenants, à aller chercher un autre séjour dans les contrées que les dieux leur indiqueraient par les augures : ils seraient libres d'emmener avec eux autant d'hommes qu'ils voudraient, afin que nulle nation ne pût repousser les nouveaux venus.
Le sort assigna à Ségovèse les forêts Hercyniennes [probablement en Europe centrale] ; à Bellovèse, les dieux montrèrent un plus beau chemin, celui de l'Italie. Il appela à lui, du milieu de ses surabondantes populations, des Bituriges, des Arvernes, des Héduens, des Ambarres, des Carnutes, des Aulerques ; et, partant avec de nombreuses troupes de gens à pied et à cheval, il arriva chez les Tricastins. Là, devant lui, s'élevaient les Alpes ; et, ce dont je ne suis pas surpris, il les regardait sans doute comme des barrières insurmontables ; car, de mémoire d'homme, à moins qu'on ne veuille ajouter foi aux exploits fabuleux d'Hercule, nul pied humain ne les avait franchies.
Arrêtés, et pour ainsi dire enfermés au milieu de ces hautes montagnes, les Gaulois cherchaient de tous côtés, à travers ces roches perdues dans les cieux, un passage par où s'élancer vers un autre univers, quand un scrupule religieux vint encore les arrêter ; ils apprirent que des étrangers, qui cherchaient comme eux une patrie, avaient été attaqués par les Salyes. Ceux-là étaient les Massiliens qui étaient venus par mer de Phocée. Les Gaulois virent là un présage de leur destinée : ils aidèrent ces étrangers à s'établir sur le rivage où ils avaient abordé et qui était couvert de vastes forêts. Pour eux, ils franchirent les Alpes par des gorges inaccessibles, traversèrent le pays des Taurins, et, après avoir vaincu les Étrusques, près du fleuve Tessin, ils se fixèrent dans un canton qu'on nommait la terre des Insubres. Ce nom, qui rappelait aux Héduens les Insubres de leur pays, leur parut d'un heureux augure, et ils fondèrent là une ville qu'ils appelèrent Médiolanum [Milan].
Bientôt, suivant les traces de ces premiers Gaulois, une troupe de Cénomans, sous la conduite d'Étitovius, passe les Alpes par le même défilé, avec l'aide de Bellovèse, et vient s'établir aux lieux alors occupés par les Libuens, et où sont maintenant les villes de Brixia [Brescia, Lombardie] et de Vérone.
Extraits de textes antiques à propos du Brennos qui a envahi Rome :
Histoire de Rome depuis sa Fondation (Ab Urbe Condita) - livre V, chapitres 38 à 47
Tite-Live, né vers -60 à Padoue (actuelle Italie) et mort en 17 à Padoue
Traduction : Désiré Nisard
En effet, Brennus, qui commandait les Gaulois, craignant surtout un piège de la part d'un ennemi si inférieur en nombre, et persuadé que leur intention, en s'emparant de cette hauteur, était d'attendre que les Gaulois en fussent venus aux mains avec le front des légions pour lancer la réserve sur leur flanc et sur leur dos, marcha droit à ce poste ;
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Alors le sénat s'assembla, et chargea les tribuns militaires de traiter. Une entrevue eut lieu entre le tribun Quintus Sulpicius et Brennus, chef des Gaulois ; ils convinrent des conditions, et mille livres d'or furent la rançon de ce peuple qui devait bientôt commander au monde. À cette transaction déjà si honteuse, s'ajouta une nouvelle humiliation : les Gaulois ayant apporté de faux poids que le tribun refusait, le Gaulois insolent mit encore son épée dans la balance, et fit entendre cette parole si dure pour des Romains : « Malheur aux vaincus ! [Vae victis] ».
Vies des Hommes Illustres OU Vies Parallèles - tome 1, Vie de Camille, chapitres 17 à 29
Plutarque, né vers 45 à Chéronée (Grèce) et mort à Chéronée vers 125
Traduction : Dominique Ricard
Les Gaulois, par égard pour le nom de Rome, les reçurent honnêtement ; et ayant suspendu l'attaque de la ville [Clusium, aujourd'hui Chiusi dans l'actuelle Tosane], ils en vinrent à une conférence. Les ambassadeurs leur demandèrent quel tort ils avaient reçu des Clusiens pour être venus assiéger leur ville. A cette demande, Brennus, roi des Gaulois, se mettant à rire :
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Cette réponse ayant fait juger aux ambassadeurs qu'il n'y avait aucun accommodement à espérer de Brennus, ils entrèrent dans Clusium, relevèrent le courage des assiégés, et les animèrent à faire avec eux une sortie, soit qu'ils voulussent connaître le courage des Barbares, soit leur faire éprouver leur valeur. [
] Mais après qu'il eut vaincu et tué son ennemi, comme il le dépouillait de ses armes, Brennus le reconnut ;
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Trois jours après la bataille, Brennus arriva devant Rome avec son armée. Quand il vit les portes et les murailles sans gardes, il soupçonna d'abord quelque ruse et craignit une embuscade, ne pouvant croire que les Romains eussent pris le parti désespéré d'abandonner leur ville. [
] Brennus, étant maître de Rome, fit environner le Capitole par un corps de troupes, et conduisit le reste à la grande place.
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Ensuite, du consentement de ceux qui commandaient dans le Capitole, Sulpicius, l'un des tribuns militaires, s'aboucha avec Brennus. Ils convinrent que les Romains payeraient mille livres pesant d'or ; et que les Gaulois, dès qu'ils les auraient reçues, sortiraient de Rome et de tout son territoire. Les serments faits de part et d'autre à ces conditions, et l'or apporté, les Gaulois trompèrent d'abord secrètement en se servant de faux poids ; et ensuite ouvertement, en faisant pencher un des bassins de la balance. Les Romains ayant voulu s'en plaindre, Brennus, pour ajouter à cette infidélité l'insulte et la raillerie, détache son épée, et la met par-dessus les poids avec le baudrier. Sulpicius lui ayant demandé ce que cela voulait dire : « Eh ! Quelle autre chose, lui répondit Brennus, sinon malheur aux vaincus » ? [
] Brennus, frémissant de colère, s'écrie que c'est une injustice et une infraction au traité : « Ce traité, lui dit Camille, n'a pas été conclu légitimement, et les conventions que vous avez faites sont nulles. J'ai été nommé dictateur ; et, d'après nos lois, cette nomination ayant suspendu toute autre autorité, vous avez traité avec des gens qui n'avaient aucun pouvoir. C'est donc à moi que vous devez exposer maintenant vos demandes ; je viens avec l'autorité que la loi me donne, et je suis le maître ou de vous pardonner, si vous avez recours aux prières, ou de vous punir comme des coupables, si vous ne témoignez aucun repentir. » Brennus, furieux de ce discours commande ses soldats de prendre les armes ; les Romains en font autant de leur côté. Déjà les deux partis en étaient venus aux mains, et se chargeaient pêle-mêle avec une confusion inévitable au milieu de vastes ruines, dans des rues étroites et des lieux serrés, où il était impossible de se former en bataille. Brennus, reprenant bientôt son sang-froid, ramène ses troupes dans son camp, avec peu de perte ;
Extraits de textes antiques à propos du Brennos qui a envahi Delphes :
Bibliothèque Historique - livre XXII (fragments)
Diodore de Sicile, né vers -90 à Agyrion (Sicile) et mort vers -20
Traduction : Ferdinand Hoefer
Excerpt Hschel, pages 495-497.
Brennus, roi des Gaulois, vint faire la guerre en Macédoine avec une armée de cent cinquante mille hommes d'infanterie munis de grands boucliers, et de dix mille cavaliers. Une foule nombreuse de marchands forains et deux mille chariots suivaient cette armée. Il perdit dans cette expédition beaucoup de soldats, et son armée était déjà très affaiblie lorsqu'il pénétra dans la Grèce pour piller le temple de Delphes. Là il perdit dans de nombreux combats plusieurs milliers d'hommes, et fut lui-même atteint de trois blessures. Sentant qu'il n'avait pas longtemps à vivre, il fit assembler ses Gaulois, et, prenant la parole, il leur conseilla de l'achever ainsi que tous les blessés, de brûler leurs chariots et de retourner promptement dans leur patrie; il leur conseilla aussi de faire roi Cichorius. Puis Brennus, s'étant enivré, se poignarda lui-même. Cichorius le fit ensevelir et fit tuer les blessés ainsi que ceux que le froid ou la faim avait rendus infirmes, et dont le nombre s'élevait à environ vingt mille hommes. Il se mit ensuite en route avec le reste de l'armée, reprenant la même route qu'ils avaient suivie. Les Grecs, embusqués dans les défilés, tombaient sur l'arrière-garde qu'ils massacraient et s'emparaient de tous leurs bagages. Arrivés aux Thermopyles, les Gaulois, qui n'avaient déjà plus de vivres, perdirent dans ce passage encore vingt mille hommes. Enfin ils périrent tous dans le pays des Dardaniens qu'ils traversaient, et il n'en resta pas un seul qui pût revoir son pays.
Excerpt Vatican, pages 46-47.
Brennus, roi des Gaulois, étant entré dans un temple, ne regarda pas les offrandes d'or et d'argent qui s'y trouvaient; il prit seulement les images de pierre et de bois et se mit à rire de ce qu'on avait supposé aux dieux des formes humaines et qu'on les eût fabriqués en bois ou en pierre.
Description de la Grèce - livre X (Phocide), chapitres 8 à 23
Pausanias le Périégète, né vers 115 dans l'actuelle Turquie et mort vers 180 à Rome
Brennus ayant amené contre Delphes une armée de Gaulois, les Phocéens furent de tous les Grecs ceux qui mirent le plus de zèle à soutenir celle guerre ; pour les récompenser, on leur rendit leur droit d'Amphictyonie, et ils recouvrèrent toute leur ancienne considération.
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Brennus et Acichorius étaient à la tête de ceux qui allèrent dans la Péonie, et Bolgius, avec une autre armée, marcha contre les Macédoniens et les Illyriens. Il livra un combat à Ptolémée, qui était alors roi de la Macédoine. [
] Les Gaulois n'osèrent cependant pas, même alors, s'avancer pour entrer dans la Grèce, et leur armée retourna pour la seconde fois dans leur pays. Après leur retour, Brennus se mit à faire les plus vives instances tant aux assemblées du peuple qu'en particulier à chacun des Gaulois en charge, pour les engager à porter leurs armes dans la Grèce, en leur représentant la faiblesse actuelle des Grecs, l'opulence de leurs villes et la richesse de leurs temples, soit en offrandes de toutes les espèces, soit en or et en argent monnayé. Il parvint donc à décider les Gaulois à faire une expédition dans la Grèce ; [
] Ce fut donc avec tout cet appareil militaire, et avec le dessein dont je viens de parler, que Brennus marcha contre la Grèce.
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Mais Brennus qui, tout barbare qu'il était, ne manquait pas tout à fait de jugement ni même d'adresse pour trouver des expédients afin de tromper ses ennemis,
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Brennus ordonna alors aux habitants des environs du golfe Maliaque, de faire des ponts sur le Sperchée, ce qu'ils exécutèrent très promptement à cause de la crainte qu'il leur inspirait, et de l'impatience où ils étaient, que les Barbares sortissent de leur pays et ne continuassent pas plus longtemps à le ravager. Brennus ayant fait passer son armée sur lès ponts, marcha vers Héraclée. Les Gaulois pillèrent le pays, et tuèrent ceux des habitants qui étaient restés dans les champs ; ils ne prirent cependant pas la ville, les Étoliens, qui, l'année, précédente avoient forcé les Héracléotes à entrer dans leur confédération, l'ayant, défendue comme leur appartenant aussi bien qu'aux Héracléotes ; mais Brennus s'inquiétait assez peu de la prendre ; ce qui lui tenait le plus au coeur était de chasser l'armée ennemie des défilés, pour pénétrer dans la Grèce au-delà des Thermopyles.
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Mais Brennus s'imagina que s'il forçait les Étoliens à retourner dans leur pays, la guerre contre les Grecs deviendrait beaucoup plus facile. Il y a deux sentiers sur le mont Oeta, celui au-dessus de Trachine, qui est en général très escarpé et extrêmement raide ; l'autre, qui passe par le pays des Enianes, est praticable pour une armée : c'est par ce dernier qu'Hydarnès le Mède vint attaquer par derrière les Grecs qui étaient avec Léonidas. Ce fut par cette route que les Héracléotes et les Enianes promirent à Brennus de le conduire, non qu'ils fussent mal intentionnés envers les Grecs, mais parce qu'il était pour eux d'une grande importance de voir les Gaulois quitter leur pays et cesser de le ravager ; car Pindare me semble avoir dit avec beaucoup de vérité que chacun est très sensible à ses propres maux, et très peu affecté de ceux des autres. La promesse des Enianes et des Héracléotes réveilla pour lors les espérances de Brennus, qui laissa Acichorius à la tête de l'armée, en lui recommandant d'attaquer des Grecs aussitôt qu'ils seraient tournés ; et ayant pris avec lui quarante mille hommes, il se mit en route par ce sentier.
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Brennus alors, sans perdre de temps et sans attendre Acichorius, prit la route de Delphes dont les habitants se réfugièrent vers l'oracle ; et le dieu leur dit d'être sans crainte, annonçant qu'il saurait bien se garder lui-même.
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Ceux des Grecs qui s'étaient rassemblés à Delphes, s'étant rangés en bataille devant Brennus et son armée, le dieu se déclara contre les Barbares de la manière la plus prompte et la moins équivoque ; [
] Le combat s'étant ainsi engagé, les Barbares, principalement ceux qui étaient autour de Brennus (il avait avec lui ce qu'il y avait de plus distingué par la stature et par la valeur), se défendirent encore quelque temps avec courage, quoique attaqués de tous les côtés, et non moins incommodés par le froid, surtout ceux qui étaient blessés. Brennus ayant reçu plusieurs blessures, on fut obligé de l'emporter sans connaissance du champ de bataille ; [
] Acichorius et ses troupes s'étaient réunis la nuit précédente à ceux qui fuyaient avec Brennus ; ils avaient été extrêmement retardés dans leur marche par les Étoliens, qui les accablaient de traits et leur lançaient tout ce qui leur tombait sous la main, de sorte qu'il n'y en avait qu'un corps peu considérable qui eût pu se réfugier dans le camp vers Héraclée. Les blessures de Brennus lui laissaient encore quelque espérance, mais soit crainte, comme on le dit, du ressentiment de ses concitoyens, soit plutôt honte de reparaître devant eux, lui qui était la cause de tous les maux qu'ils avaient éprouvés dans la Grèce, il termina lui-même ses jours en buvant du vin pur.
Abrégé des Histoires Philippiques (Epitoma Historiarum Philippicarum) - livre XXIV
Justin, né et mort au IIIème ou au IVème siècle
Cependant Brennus, qui, à la tête d'un corps de Gaulois, avait envahi la Grèce, instruit de la victoire de Belgius et de la défaite des Macédoniens, ne put voir sans colère, qu'après un premier triomphe, on eut abandonné à la hâte un si riche butin et les dépouilles de l'Orient. Il rassemble quinze mille cavaliers, cent cinquante mille fantassins, et fond sur la Macédoine. Tandis qu'ils dévastent les campagnes, Sosthène, à la tête des Macédoniens, vient leur offrir la bataille ; mais sa troupe ; faible et en désordre, cède bientôt au nombre et à la force. Les Macédoniens battus se renferment dans les murs de leurs villes, et Brennus, sans obstacle ni péril, désole la Macédoine. Bientôt, comme s'il dédaignait le butin que lui offre la terre, il ose tourner ses regards vers les temples des dieux, et dire, par une raillerie impie, que les dieux sont assez riches pour donner aux hommes. Il marche donc contre Delphes, [
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A la vue du temple, Brennus hésita longtemps s'il devait aussitôt en ordonner l'attaque, ou donner à ses soldats, fatigués d'une longue marche, la nuit pour se reposer. Emanus et Thessalorus, chefs gaulois, qui s'étaient associés à lui dans l'espoir du butin, veulent qu'on attaque à l'instant un ennemi sans défense, qu'épouvante leur soudaine arrivée ; [
] Brennus avait soixante-cinq mille fantassins, choisis dans toute son armée ; les Delphiens et leurs alliés comptaient à peine quatre mille soldats : plein de mépris pour cette poignée d'hommes, Brennus, pour exciter les siens, leur montrait ce magnifique butin, disant que ces statues, ces chars qu'ils apercevaient de loin étaient d'or massif, et qu'ils trouveraient dans le poids de ces objets plus de richesse encore que la vue du butin ne semblait leur en promettre.
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Brennus, frappé lui-même et ne pouvant supporter ses souffrances, d'un coup de poignard met fin à sa vie. [
] Enfin, de cette nombreuse armée, qui croyait naguère, dans la confiance de ses forces, pouvoir lutter contre les dieux, il ne resta pas même un homme pour retracer un si grand désastre.
Extraits de textes antiques à propos de Caratacos :
Annales (Ab Excessu Divi Augusti) - livre XII, chapitres 33 à 37
de Tacite, né vers 60 dans le sud de la Gaule et mort vers 120
On marcha ensuite contre les Silures [tribu du sud du Pays de Galles], dont l'intrépidité naturelle était doublée par leur confiance aux ressources de Caractacus, guerrier que beaucoup de revers, beaucoup de succès, avaient élevé si haut, qu'il éclipsait tous les autres chefs de la Bretagne. Il avait pour lui ses ruses et les pièges du terrain, mais non la force des soldats : en conséquence, il transporte la guerre chez les Ordoviques, se recrute de tous ceux qui redoutaient la paix que nous donnons, et hasarde une action décisive, après avoir choisi un champ de bataille où l'accès, la retraite, tout fût danger pour nous, avantage pour les siens. [
]
Pour Caractacus, il volait de tous les côtés, s'écriant que ce jour, que cette bataille allait commencer l'affranchissement de la Bretagne ou son éternelle servitude. II nommait aux guerriers ces héros leurs ancêtres, qui avaient chassé le dictateur César, et par qui, sauvés des haches et des tributs, ils conservaient à l'abri de l'outrage leurs femmes et leurs enfants. Pendant qu'ils parlaient de la sorte, l'armée applaudissait à grand bruit, et chacun jurait, par les dieux de sa tribu, que ni fer ni blessures ne le feraient reculer.
Cet enthousiasme intimida le général romain. [
] mais lorsque, à l'abri de la tortue, on eut démoli cet amas informe de pierres amoncelées, et que les deux armées furent aux prises sur le même terrain, les barbares reculèrent vers le sommet de leurs montagnes. Mais les troupes légères et l'infanterie pesamment armée y coururent après eux, celles-là en les harcelant à coups de traits, celles-ci en pressant, par une marche serrée, leurs bataillons rompus et en désordre. Car les Bretons n'avaient pour se couvrir ni casque ni cuirasse ; et, s'ils essayaient de résister aux auxiliaires, ils tombaient sous l'épée et le javelot du légionnaire ; s'ils faisaient face aux légions, le sabre et les javelines des auxiliaires jonchaient la terre de leurs corps. Cette victoire fut éclatante : on prit la femme et la fille de Caractacus, et ses frères se rendirent à discrétion.
[
] Caractacus avait cru trouver un asile chez Cartismandua, reine des Brigantes [nord de l'Angleterre] ; il fut chargé de fers et livré aux vainqueurs. [
] lui, sans courber son front, sans dire un mot pour implorer la pitié, arrivé devant le tribunal, parla en ces termes :
« [
] Que je me fusse livré sans combat, ni ma fortune ni ta victoire n'auraient occupé la renommée : et même aujourd'hui mon supplice serait bientôt oublié. Mais si tu me laisses la vie, je serai une preuve éternelle de ta clémence ». Claude lui pardonna, ainsi qu'à sa femme et à ses frères. Dégagés de leurs fers, ils allèrent vers Agrippine, qu'on voyait assise à une petite distance sur un autre tribunal, et lui rendirent les mêmes hommages et les mêmes actions de grâce qu'à l'empereur ; chose nouvelle assurément et opposée à l'esprit de nos ancêtres, de voir une femme siéger devant les enseignes romaines : ses aïeux avaient conquis l'empire ; elle en revendiquait sa part.
Extraits de textes antiques à propos de Boadicée et de l'île d'Anglesey :
Vie d'Agricola (De Vita Lulii Agricolae) - chapitres 11 à 16
Tacite, né vers 60 dans le sud de la Gaule et mort vers 120
Quant aux premiers occupants de l'île [de Bretagne], on ne peut savoir avec certitude, comme toujours dans le cas de peuples barbares, s'il s'agit ou s'ils sont venus d'ailleurs. Les Bretons présentent plusieurs types physiques, ce qui permet d'étayer autant d'hypothèses. Par exemple, les cheveux roux des Calédoniens [Ecossais] et leurs membres allongés attestent une origine germanique. Basanés et souvent crépus, les Silures [tribu du sud du Pays de Galles], dont le territoire est opposé à l'Espagne, donnent à penser qu'autrefois des Ibères ont traversé la mer et se sont fixés sur leurs terres. Ceux qui vivent le plus près de la Gaule ressemblent à ses habitants : soit l'origine ethnique reste marquante, soit le climat a conditionné le type humain dans ces régions qui se font face. En examinant la question dans ses grandes lignes, on peut, malgré tout, concevoir que des Gaulois ont occupé l'île du fait de sa proximité : on peut y retrouver les rites et les croyances religieuses propres à la Gaule ; la langue n'est pas très différente ; aussi téméraires que les Gaulois, les Bretons aiment prendre des risques, mais devant le danger ils paniquent tout autant et fuient. Toutefois, on trouvera plus combatifs les Bretons qu'une pacification de longue date n'a pas encore amadoués. Nous savons que les Gaulois, eux aussi, étaient de brillants guerriers. Par la suite, la paix les rendit nonchalants, car ils avaient perdu leur bravoure avec leur liberté. 5. Il en va de même pour les Bretons vaincus de longue date, alors que tous les autres sont encore comme les Gaulois d'autrefois.
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Plus tard, des succès rehaussèrent pendant deux ans le gouvernement de [Caius] Suetonius Paulinus [10-70 environ], qui soumit des tribus et installa de solides garnisons. Il s'enhardit et attaqua l'Ile d'Anglesey pour avoir fourni des renforts aux rebelles, mais ceux-ci eurent alors tout loisir de mener des actions.
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Une femme de sang royal, Boudicca, prit la tête du mouvement - chez eux le sexe ne fait pas question quand il s'agit de commander ! - et, tous ensemble, ils partirent en guerre. Ils traquèrent nos soldats éparpillés dans les fortins, défirent nos garnisons, envahirent la colonie, symbole pour eux de l'asservissement. La colère des vainqueurs ne renonça à aucune forme de la cruauté propre aux âmes barbares.
Apprenant le soulèvement de la province, Paulinus intervint immédiatement, sans quoi la Bretagne aurait été perdue : l'issue heureuse d'une seule bataille y rétablit la soumission ancienne. Toutefois nombre de Bretons restaient sous les armes : tourmentés par la mauvaise conscience de leur défection, ils craignaient, à titre individuel, que le légat, tout en étant un homme d'exception, ne se montrât intraitable lors de leur capitulation et ne se vengeât impitoyablement de l'outrage commis par chacun d'eux.
Annales (Ab Excessu Divi Augusti) - livre XIV, chapitres 29 à 37
Tacite, né vers 60 dans le sud de la Gaule et mort vers 120
Après lui, les Bretons eurent pour gouverneur [Caius] Suetonius Paullinus [10-70 environ], que ses talents militaires et la voix publique, qui ne laisse jamais le mérite sans rival, donnaient pour émule à Corbulon [Cnaeus Domitius Corbulo]. Lui-même songeait à l'Arménie reconquise, et brûlait d'égaler un exploit si glorieux en domptant les rebelles. L'Ile de Mona [Anglesey], déjà forte par sa population, était encore le repaire des transfuges : il se dispose à l'attaquer, et construit des navires dont la carène fût assez plate pour aborder sur une plage basse et sans rives certaines. Ils servirent à passer les fantassins ; la cavalerie suivit à gué ou à la nage, selon la profondeur des eaux.
L'ennemi bordait le rivage : à travers ses bataillons épais et hérissés de fer, couraient, semblables aux Furies, des femmes échevelées, en vêtements lugubres, agitant des torches ardentes ; et des druides, rangés à l'entour, levaient les mains vers le ciel avec d'horribles prières. Une vue si nouvelle étonna les courages, au point que les soldats, comme si leurs membres eussent été glacés, s'offraient immobiles aux coups de l'ennemi. Rassurés enfin par les exhortations du général, et s'excitant eux-mêmes à ne pas trembler devant un troupeau fanatique de femmes et d'insensés, ils marchent en avant, terrassent ce qu'ils rencontrent, et enveloppent les barbares de leurs propres flammes. On laissa garnison chez les vaincus, et l'on coupa les bois consacrés à leurs atroces superstitions ; car ils prenaient pour un culte pieux d'arroser les autels du sang des prisonniers, et de consulter les dieux dans des entrailles humaines. Au milieu de ces travaux, Suetonius apprit que la province venait tout à coup de se révolter.
Le roi des Icéniens [tribu de l'est de l'Angleterre], Prasutagus [Prasutagos], célèbre par de longues années d'opulence, avait nommé l'empereur [Néron] son héritier, conjointement avec ses deux filles. Il croyait que cette déférence mettrait à l'abri de l'injure son royaume et sa maison. Elle eut un effet tout contraire : son royaume, en proie à des centurions, sa maison, livrée à des esclaves, furent ravagés comme une conquête. Pour premier outrage, sa femme Boadicée est battue de verges, ses filles déshonorées : bientôt, comme si tout le pays eût été donné en présent aux ravisseurs, les principaux de la nation sont dépouillés des biens de leurs aïeux, et jusqu'aux parents du roi sont mis en esclavage. Soulevés par ces affronts et par la crainte de maux plus terribles (car ils venaient d'être réduits à l'état de province), les Icéniens courent aux armes et entraînent dans leur révolte les Trinobantes [Trinovantes, tribu au sud des Icéniens] et d'autres peuples, qui, n'étant pas encore brisés à la servitude, avaient secrètement conjuré de s'en affranchir.
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Boadicée, montée sur un char, ayant devant elle ses deux filles, parcourait l'une après l'autre ces nations rassemblées, en protestant « que, tout accoutumés qu'étaient les Bretons à marcher à l'ennemi conduits par leurs reines, elle ne venait pas, fière de ses nobles aïeux, réclamer son royaume et ses richesses ; elle venait, comme une simple femme, venger sa liberté ravie, son corps déchiré de verges, l'honneur de ses filles indignement flétri. [
] »
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]
Immobile d'abord, et se faisant un rempart de la gorge étroite où elle était postée, la légion [de Suetonius] attendit que l'ennemi s'approchât, pour lui envoyer des coups plus sûrs. Quand elle eut épuisé ses traits, elle s'avança rapidement en forme de coin. Les auxiliaires chargent en même temps, et les cavaliers, leurs lances en avant, rompent et abattent ce qui résiste encore. Le reste fuyait ou plutôt essayait de fuir à travers la haie de chariots qui fermait les passages. Le soldat n'épargna pas môme les femmes ; et jusqu'aux bêtes de somme tombèrent sous les traits et grossirent les monceaux de cadavres. Cette journée fut glorieuse et comparable à nos anciennes victoires : quelques-uns rapportent qu'il n'y périt guère moins de quatre-vingt mille Bretons. Quatre cents soldats environ furent tués de notre côté ; il n'y eut pas beaucoup de blessés. Boadicée finit sa vie par le poison.
Histoire Romaine (Historia Romana) - tome IX, livre CXII, chapitres 2 à 12
Dion Cassius, né vers 160 à Nicée (actuelle Turquie) et mort vers 240 à Nicée
Mais le chef qui les excita surtout, qui les décida à la guerre contre les Romains, qui fut jugé digne d'être à leur tête et qui les commanda durant toute la guerre, ce fut Bunduica, femme bretonne, de race royale et d'un courage au-dessus de son sexe. Elle rassembla une armée d'environ cent vingt mille hommes, et monta sur une tribune faite, à la manière des Romains, avec de la terre détrempée. Sa taille était grande, sa figure farouche, son regard perçant ; elle avait la voix rude ; elle laissait tomber jusqu'au bas du dos son épaisse chevelure d'un blond prononcé, et portait un grand collier d'or ; sur son sein était serrée une tunique de diverses couleurs, et par dessus s'attachait avec une agrafe une épaisse chlamyde. C'était là toujours son équipage ; mais alors, prenant en main une lance, afin de frapper tout le monde de terreur, elle parla en ces termes [
]
A ces mots, elle lâcha, comme pour une sorte de divination, un lièvre de son sein, et la course de l'animal ayant donné un présage heureux, la multitude tout entière poussa des cris joyeux ; Bunduica alors, levant une main vers le ciel : « Je te rends grâces, dit-elle, Andrasté [
]
Après avoir harangué de la sorte son armée, Bunduica la mena contre les Romains, qui se trouvaient alors sans chef, attendu que [Caius Suetonius] Paulinus, leur général, était occupé à une expédition contre Mona [Anglesey], île située près de la Bretagne. Aussi fut-il aisé à Bunduica d'emporter deux villes romaines, de les piller et d'y faire, comme je l'ai dit, un immense carnage [
]. Ces horreurs se commettaient au milieu de leurs sacrifices, de leurs festins et de leurs orgies, dans leurs temples et principalement dans le bois consacré à Adrastée : c'était le nom qu'ils donnaient à la Victoire, et ils lui rendaient un culte tout particulier.
Paulinus avait déjà soumis Mona ; quand il apprit le désastre arrivé en Bretagne, il s'embarqua aussitôt pour revenir de Mona [
]. Bunduica, ayant avec elle environ deux cent trente mille hommes, était portée sur un char et disposait un à un ses soldats [
].
On lutta longtemps de part et d'autre avec la même ardeur et la même audace. A la fin pourtant, bien que tard, les Romains eurent l'avantage ; ils firent un grand carnage dans le combat, auprès des chars et de la forêt, et ils prirent vifs beaucoup de barbares. Un assez grand nombre de Bretons durent leur salut à la fuite, et ils se préparaient à livrer une nouvelle bataille, mais Bunduica étant morte de maladie dans cet intervalle, ils la pleurèrent amèrement et lui firent des funérailles magnifiques, quant à eux, se tenant alors pour véritablement vaincus, ils se dispersèrent. Voilà pour les affaires de la Bretagne.
Extraits de textes antiques probablement à propos de Stonehenge :
Bibliothèque Historique - livre II, chapitre 47
Diodore de Sicile, né vers -90 à Agyrion (Sicile) et mort vers -20
Traduction : Ferdinand Hoefer
Puisque nous sommes arrivés à parler des contrées septentrionales de l'Asie, il ne sera pas hors de propos de dire un mot des Hyperboréens. Parmi les historiens qui ont consigné dans leurs annales les traditions de l'antiquité, Hécaté [d'Abdère] et quelques autres prétendent qu'il y a au-delà de la Celtique, dans l'Océan, une île qui n'est pas moins grande que la Sicile. Cette île, située au nord, est, disent-ils, habitée par les Hyperboréens, ainsi nommés parce qu'ils vivent au-delà du point d'où souffle Borée. Le sol de cette île est excellent, et si remarquable par sa fertilité qu'il produit deux récoltes par an. C'est là, selon le même récit, le lieu de naissance de Latone [Léto, mère d'Apollon et d'Artémis], ce qui explique pourquoi les insulaires vénèrent particulièrement Apollon. Ils sont tous, pour ainsi dire, les prêtres de ce dieu : chaque jour ils chantent des hymnes en son honneur. On voit aussi dans cette île une vaste enceinte consacrée à Apollon, ainsi qu'un temple magnifique de forme ronde et orné de nombreuses offrandes ; la ville de ces insulaires est également dédiée à Apollon ; ses habitants sont pour la plupart des joueurs de cithare, qui célèbrent sans cesse, dans le temple, les louanges du dieu en accompagnant le chant des hymnes avec leurs instruments. [ ] Apollon passe pour descendre dans cette île tous les dix-neuf ans. C'est aussi à la fin de cette période que les astres sont, après leur révolution, revenus à leur point de départ. Cette période de dix-neuf ans est désignée par les Grecs sous le nom de Grande année. On voit ce dieu, pendant son apparition, danser toutes les nuits en s'accompagnant de la cithare, depuis l'équinoxe du printemps jusqu'au lever des Pléiades, comme pour se réjouir des honneurs qu'on lui rend. Le gouvernement de cette ville et la garde du temple sont confiés à des rois appelés Boréades, les descendants et les successeurs de Borée.
Extraits de textes antiques à propos de Velléda :
Germanie (De Origine et Situ Germanorum) - chapitre 8
de Tacite, né vers 60 dans le sud de la Gaule et mort vers 120
Les Germains vont jusqu'à attribuer aux femmes un caractère que je dirais sacré et des aptitudes à la divination. Ils ne dédaignent pas leurs avis et ne se montrent guère indifférents à leurs oracles. Souvenons-nous de Véléda sous le règne du divin Vespasien [9-79] ! Beaucoup l'ont tenue longtemps pour une divinité. Mais avant elle, ils ont aussi vénéré Aurinia [Aurinie] et bien d'autres encore. Ce n'était pas par flagornerie ni dans l'idée d'en faire des déesses.
Extraits de textes antiques à propos des siècles antiques :
uvres Morales - tome 4, Le visage qui apparaît dans le dique de la Lune, 469-470
Plutarque, né vers 45 à Chéronée (Grèce) et mort à Chéronée vers 125
Traduction : Dominique Ricard
Les compagnons d'Hercule, qui furent laissés dans cette contrée, s'étant mêlés avec l'ancien peuple de Saturne, tirèrent de son obscurité la nation grecque, qui était presque éteinte et étouffée sous les lois, les murs et la langue des Barbares, et ils lui rendirent son ancienne splendeur. Aussi, depuis cette époque, Hercule est de tous les dieux celui qu'ils honorent davantage, et après lui Saturne.
Quand l'étoile de Saturne, que nous appelons Phénon [« Brillant »], et qui, dans cette île, porte le nom de Nycture [« gardien de la Nuit »], entre dans le signe du Taureau, ce qui arrive après une révolution de trente années, ils se préparent longtemps d'avance à un sacrifice solennel et à une longue navigation, que sont obligés d'entreprendre sur des vaisseaux à rames ceux que le sort a destinés à cette commission, qui exige d'eux un long séjour dans une terre étrangère.