TEXTES ANTIQUES SUR LES DRUIDES

 

Extraits de textes à propos de druides gaulois :

Guerre des Gaules (De Bello Gallico) - livre VI, chapitres 13 à 16
Jules César, né en -100 à Rome et mort en -44 à Rome
Traduction : Léopold-Albert Constans

Pour en revenir aux deux classes dont nous parlions, l'une est celle des druides, l'autre celle des chevaliers. Les premiers s'occupent des choses de la religion, ils président aux sacrifices publics et privés, règlent les pratiques religieuses ; les jeunes gens viennent en foule s'instruire auprès d'eux, et on les honore grandement. Ce sont les druides, en effet, qui tranchent presque tous les conflits entre Etats ou entre particuliers et, si quelque crime a été commis, s'il y a eu meurtre, si un différend s'est élevé à propos d'héritage ou de délimitation, ce sont eux qui jugent, qui fixent les satisfactions à recevoir et à donner ; un particulier ou un peuple ne s'est-il pas conformé à leur décision, ils lui interdisent les sacrifices. C'est chez les Gaulois la peine la plus grave. Ceux qui ont été frappés de cette interdiction, on les met au nombre des impies et des criminels, on s'écarte d'eux, on fuit leur abord et leur entretien, craignant de leur contact impur quelque effet funeste ; ils ne sont pas admis à demander justice, ni à prendre leur part d'aucun honneur. Tous ces druides obéissent à un chef unique, qui jouit parmi eux d'une très grande autorité. A sa mort, si l'un d'entre eux se distingue par un mérite hors ligne, il lui succède si plusieurs ont des titres égaux, le suffrage des druides, quelquefois même les armes en décident. Chaque année, à date fixe, ils tiennent leurs assises en un lieu consacré, dans le pays des Carnutes, qui passe pour occuper le centre de la Gaule. Là, de toutes parts affluent tous ceux qui ont des différends, et ils se soumettent à leurs décisions et à leurs arrêts. On croit que leur doctrine est née en Bretagne, et a été apportée de cette île dans la Gaule ; de nos jours encore ceux qui veulent en faire une étude approfondie vont le plus souvent s'instruire là-bas.

Il est d'usage que les druides n'aillent point à la guerre et ne paient pas d'impôt comme les autres ils sont dispensés du service militaire et exempts de toute charge. Attirés par de si grands avantages, beaucoup viennent spontanément suivre leurs leçons, beaucoup leur sont envoyés par les familles. On dit qu'auprès d'eux ils apprennent par cœur un nombre considérable de vers. Aussi plus d'un reste-t-il vingt ans à l'école. Ils estiment que la religion ne permet pas de confier à l'écriture la matière de leur enseignement, alors que pour tout le reste en général, pour les comptes publics et privés, ils se servent de l'alphabet grec. Ils me paraissent avoir établi cet usage pour deux raisons : parce qu'ils ne veulent pas que leur doctrine soit divulguée, ni que, d'autre part, leurs élèves, se fiant à l'écriture, négligent leur mémoire ; car c'est une chose courante quand on est aidé par des textes écrits, on s'applique moins à retenir par cœur et on laisse se rouiller sa mémoire. Le point essentiel de leur enseignement, c'est que les âmes ne périssent pas, mais qu'après la mort elles passent d'un corps dans un autre ; ils pensent que cette croyance est le meilleur stimulant du courage, parce qu'on n'a plus peur de la mort. En outre, ils se livrent à de nombreuses spéculations sur les astres et leurs mouvements, sur les dimensions du monde et celles de la terre, sur la nature des choses, sur la puissance des dieux et leurs attributions, et ils transmettent ces doctrines à la jeunesse. […]

Tout le peuple gaulois est très religieux ; aussi voit-on ceux qui sont atteints de maladies graves, ceux qui risquent leur vie dans les combats ou autrement, immoler ou faire vœu d'immoler des victimes humaines, et se servir pour ces sacrifices du ministère des druides ; ils pensent, en effet, qu'on ne saurait apaiser les dieux immortels qu'en rachetant la vie d'un homme par la vie d'un autre homme, et il y a des sacrifices de ce genre qui sont d'institution publique. Certaines peuplades ont des mannequins de proportions colossales, faits d'osier tressé, qu'on remplit d'hommes vivants : on y met le feu, et les hommes sont la proie des flammes. Le supplice de ceux qui ont été arrêtés en flagrant délit de vol ou de brigandage ou à la suite de quelque crime passe pour plaire davantage aux dieux ; mais lorsqu'on n'a pas assez de victimes de ce genre, on va jusqu'à sacrifier des innocents.

 

Histoire Naturelle (Historia Naturalis, milieu du Ier siècle) - livre XXX, chapitre 4
Pline l'Ancien, né en 23 dans le nord de l'Italie et mort en 79 près de Naples (actuelle Italie)

Les Gaules ont été aussi possédées par la magie, et même jusqu'à notre temps ; car c'est l'empereur Tibère [qui régna de 14 à 37] qui a supprimé leurs druides, et cette tourbe de prophètes et de médecins. Mais à quoi bon rapporter ces prohibitions au sujet d'un art qui a franchi l'Océan, et qui a pénétré jusqu'où cesse la nature ? La Bretagne cultive aujourd'hui même l'art magique avec foi et de telles cérémonies, qu'elle semblerait l'avoir transmis aux Perses. Ainsi tous les peuples, quoiqu'en discorde et inconnus les uns aux autres, se sont accordés sur ce point. On ne saurait donc suffisamment estimer l'obligation due aux Romains pour avoir supprimé ces monstruosités dans lesquelles tuer un homme était faire acte de religion, et manger de la chair humaine une pratique salutaire.

 

Chorographie (De Chorographia, milieu du Ier siècle) - livre III, chapitre 2 (Côte extérieure de la Gaule)
Pomponius Mela, né vers 15 dans le sud de l'Espagne et mort vers 80 à Rome

Elle est habitée par des peuples fiers, superstitieux, et autrefois si barbares, qu'ils regardaient les sacrifices, humains, comme le genre d'holocauste le plus efficace et le plus agréable aux dieux. Cette coutume abominable n'existe plus, mais il en reste encore des traces : car, s'ils s'abstiennent d'immoler les hommes qu'ils dévouent, ils les conduisent néanmoins à l'autel, et les y déchirent avec les dents. Cependant les Gaulois ont une certaine érudition et des maîtres de sagesse, les Druides. Ces maîtres font profession de connaître la grandeur et la forme de la terre et du monde, les révolutions du ciel et des astres, et la volonté des dieux. Ils communiquent une foule de connaissances aux plus distingués de la nation, qu'ils instruisent secrètement et pendant vingt années au fond des cavernes ou des bois les plus retirés. Le seul dogme qu'ils enseignent publiquement, c'est l'immortalité de l'âme et l'existence d'une autre vie : sans doute, afin de rendre le peuple plus propre à la guerre. De là vient que les Gaulois brûlent et enterrent avec les morts tout ce qui est à l'usage des vivants, et qu'autrefois ils ajournaient jusque dans l'autre monde l'exécution des contrats ou le remboursement des prêts. Il y en avait même qui se précipitaient gaîment sur les bûchers de leurs parents, comme pour continuer de vivre avec eux.

Tout ce pays prend le nom de Gaule Chevelue. Quant aux peuples qui l'habitent, ils sont connus sous trois grandes dénominations, et sont séparés entre eux par des fleuves considérables. Du Pyrénée à la Garonne, ce sont les Aquitains ; de la Garonne à la Seine, les Celtes ; de la Seine au Rhin, les Belges. Les Ausciens tiennent le premier rang dans l'Aquitaine ; les Aeduens parmi les Celtes, et les Trévériens parmi les Belges. Leurs villes les plus florissantes sont Augusta [Trèves] chez les Trévériens, Augustodunum [Autun] chez les Éduens, et Elimberrum [Auch] chez les Ausciens.

 

 

Extraits de textes à propos de druides dont les noms sont cités :

Guerre des Gaules (De Bello Gallico) - livre VII, chapitre 3
Jules César, né en -100 à Rome et mort en -44 à Rome
Traduction : Léopold-Albert Constans

Quand arrive le jour convenu, les Carnutes, entraînés par Cotuatos et Conconnétodumnos, hommes dont on ne pouvait rien attendre que des folies, se jettent, à un signal donné, dans Cenabum [Orléans], massacrent les citoyens romains qui s'y étaient établis pour faire du commerce, mettent leurs biens au pillage ; parmi eux était Caïus Fufius Cita, honorable chevalier romain, que César avait chargé de l'intendance des vivres.

NB : Cotuatos et Conconnétodumnos étaient soit des druides soit des chefs de guerre, dans le premier cas l'un d'entre eux pourrait être le gutuater (prêtre celte) évoqué dans l'extrait ci-dessous.

 

Guerre des Gaules (De Bello Gallico) - livre VIII, chapitre 38
Jules César, né en -100 à Rome et mort en -44 à Rome

Traduction : Léopold-Albert Constans

Arrivé chez les Carnutes, dont César a raconté dans le précédent commentaire comment la guerre avait pris naissance dans leur cité, voyant que leurs alarmes étaient particulièrement vives, parce qu'ils avaient conscience de la gravité de leur faute, afin d'en libérer plus vite l'ensemble de la population, il demande qu'on lui livre, pour le châtier, Gutuater, principal coupable et auteur responsable de la guerre. Bien que le personnage ne se fiât plus même à ses propres concitoyens, néanmoins, chacun s'appliquant à le rechercher, on l'amène promptement au camp. César, malgré sa naturelle clémence, est contraint de le livrer au supplice par les soldats accourus en foule : ils mettaient à son compte tous les dangers courus, tous les maux soufferts au cours de la guerre, et il fallut qu'il fût d'abord frappé de verges jusqu'à perdre connaissance, avant que la hache l'achevât.

 

Divination (De Divinatione) - livre I, chapitre 41
Cicéron, né en -106 à Arpinum (actuelle Italie) et mort en -43 à Formies (actuelle Italie)

Même dans les nations barbares on ne néglige pas la science divinatoire. Ainsi dans la Gaule elle a pour représentants les druides, dont l'un l'Eduen Divitiac, ton admirateur, lié à toi par les liens de l'hospitalité, m'est connu ; il assurait qu'il était versé dans la science de la nature, ce que les Grecs appellent g-phusiologia, et il prédisait aussi l'avenir tantôt par le moyen des augures, tantôt par l'interprétation des signes, […]

NB : Le druide Diviciacos est aussi cité de nombreuses fois dans la Guerres des Gaules de César.

 

Extraits de textes à propos des druides et de Pythagore :

Stromates - livre I, chapitre 15
Clément d'Alexandrie, né vers 150 à Athènes et mort vers 215 à Césarée (actuelle Turquie)

Alexandre, dans son ouvrage sur les symboles pythagoriciens, rapporte que Pythagore fut le disciple de l'assyrien Nazaratus (quelques-uns pensent que cet Assyrien est Ézéchiel, nous prouverons plus tard qu'ils se trompent) ; Alexandre veut encore que Pythagore ait en outre entendu les Galates et les Brahmanes. […]

Ainsi donc la philosophie, cette science si utile, fleurit autrefois chez les barbares, et brilla au milieu des nations. Plus tard, elle pénétra aussi chez les Grecs. Ceux qui la professèrent furent en Égypte, les prophètes ; en Assyrie, les Chaldéens ; en Gaule, les Druides ; en Bactriane, les Samanéens ; parmi les Celtes, les philosophes ; en Perse, les mages (ces derniers annoncèrent aussi la naissance du Sauveur, avant qu'elle fut connue, et vinrent en Judée, conduits par une étoile) ; dans les Indes, les Gymnosophistes, et d'autres philosophes barbares.

 

Réfutation de toutes les hérésies OU Philosophumena - livre I, chapitre 25
Hippolyte de Rome, né vers 170 dans l'actuelle Turquie et mort en 235 en Sardaigne

Les druides des Celtes ont assidument étudié la philosophie de Pythagore, étant incités à cette étude par Zalmoxis, l'esclave de Pythagore, Thrace de naissance, qui vint dans ces contrées après la mort de Pythagore [vers -495] et leur fournit l'occasion d'étudier le système philosophique. Et les Celtes croient en leurs druides comme voyants et comme prophètes parce qu'ils peuvent prédire certains événements par le calcul et l'arithmétique des Pythagoriciens. Nous ne passerons pas sous silence les origines de leur doctrine puisque certains ont cru pouvoir distinguer chez ces gens plusieurs écoles de philosophie. En effet les druides pratiquent aussi les arts plastiques.

 

Histoire de Rome (Res Gestae) - livre XV, chapitre 9
Ammien Marcellin, né vers 330 à Antioche-sur-l'Oronte (actuelle Turquie) et mort vers 395 à Rome, citant Timagène d'Alexandrie

Insensiblement la civilisation s'introduisit chez ce peuple : il prit goût au culte de l'intelligence, sous l'inspiration de ses bardes, de ses eubages et de ses druides. Les bardes célébraient les grandes actions dans des chants héroïques, où se mariaient les doux accords de la lyre ; les eubages interrogeaient, commentaient les sublimes secrets de la nature. Quant aux druides, leurs spéculations étaient encore d'un ordre plus élevé : formés en communautés dont les statuts étaient l'œuvre de Pythagore, l'esprit toujours tendu vers les questions les plus abstraites et les plus ardues de la métaphysique comme le maître, ils tenaient en mépris les choses d'ici-bas, et déclaraient l'âme immortelle.

 

 

Extraits de textes à propos des bardes et des vates :

Bibliothèque Historique - livre V, chapitre 31
Diodore de Sicile, né vers -90 à Agyrion (Sicile) et mort vers -20
Traduction : Ferdinand Hoefer

Ils ont aussi des poètes qu'ils appellent bardes, et qui chantent la louange ou le blâme, en s'accompagnant avec des instruments semblables aux lyres. Ils ont aussi des philosophes et des théologiens très honorés, et qu'ils appellent druides. Ils ont aussi des devins, qui sont en grande vénération. Ces devins prédisent l'avenir par le vol des oiseaux et par l'inspection des entrailles des victimes ; tout le peuple leur obéit. Lorsqu'ils consultent les sacrifices sur quelques grands événements, ils ont une coutume étrange et incroyable : ils immolent un homme en le frappant avec un couteau dans la région au-dessus du diaphragme ; ils prédisent ensuite l'avenir d'après la chute de la victime, d'après les convulsions des membres et l'écoulement du sang ; et, fidèles aux traditions antiques, ils ont foi dans ces sacrifices. C'est une coutume établie parmi eux que personne ne sacrifie sans l'assistance d'un philosophe ; car ils prétendent qu'on ne doit offrir des sacrifices agréables aux dieux que par l'intermédiaire de ces hommes, qui connaissent la nature divine et sont, en quelque sorte, en communication avec elle, et que c'est par ceux-là qu'il faut demander aux dieux les biens qu'on désire. Ces philosophes ont une grande autorité dans les affaires de la paix aussi bien que dans celles de la guerre ; amis et ennemis obéissent aux chants des bardes. Souvent, lorsque deux armées se trouvent en présence, et que les épées sont déjà tirées et les lances en arrêt, les bardes se jettent au-devant des combattants, et les apaisent comme on dompte par enchantement les bêtes féroces. C'est ainsi que, même parmi les Barbares les plus sauvages, la colère cède à la sagesse, et que Mars [Arès] respecte les muses.

 

Géographie (Geographica) - livre IV (la Gaule), chapitre 4 (la Belgique), 4
Strabon, né vers -63 à Amasée (actuelle Turquie) et mort vers -23 à Amasée, citant Posidonios d'Apamée

Chez tous les peuples gaulois sans exception se retrouvent trois classes d'hommes qui sont l'objet d'honneurs extraordinaires, à savoir les Bardes, les Vatès et les Druides, les Bardes, autrement dits les chantres sacrés, les Vatés, autrement dits les devins qui président aux sacrifices et interrogent la nature, enfin les Druides, qui, indépendamment de la physiologie ou philosophie naturelle, professent l'éthique ou philosophie morale. Ces derniers sont réputés les plus justes des hommes, et, à ce titre, c'est à eux que l'on confie l'arbitrage des contestations soit privées soit publiques : anciennement, les causes des guerres elles-mêmes étaient soumises à leur examen et on les a vus quelquefois arrêter les parties belligérantes comme elles étaient sur le point d'en venir aux mains. Mais ce qui leur appartient spécialement c'est le jugement des crimes de meurtre, et il est à noter que, quand abondent les condamnations pour ce genre de crime, ils y voient un signe d'abondance et de fertilité pour le pays. Les Druides (qui ne sont pas les seuls du reste parmi les barbares) proclament l'immortalité des âmes et celle du monde, ce qui n'empêche pas qu'ils ne croient aussi que le feu et l'eau prévaudront un jour sur tout le reste.

 

 

Extraits de textes à propos des prêtresses :

Géographie (Geographica) - livre IV (la Gaule), chapitre 4 (la Belgique), 6
Strabon, né vers -63 à Amasée (actuelle Turquie) et mort vers -23 à Amasée, citant Posidonios d'Apamée

Dans l'Océan, non pas tout à fait en pleine mer, mais juste en face de l'embouchure de la Loire, Posidonius nous signale une île de peu d'étendue [peut-être l'Ile de Noirmoutier ?], qu'habitent soi-disant les femmes des Samnites [confusion avec les Namnètes ?]. Ces femmes, possédées de la fureur bachique, cherchent, par des mystères et d'autres cérémonies religieuses, à apaiser, à désarmer le dieu qui les tourmente. Aucun homme ne met le pied dans leur île, et ce sont elles qui passent sur le continent toutes les fois qu'elles sont pour avoir commerce avec leurs maris, après quoi elles regagnent leur île. Elles ont coutume aussi, une fois par an, d'enlever la toiture du temple de Bacchus et de le recouvrir, le tout dans une même journée, avant le coucher du Soleil, chacune d'elles apportant sa charge de matériaux. Mais s'il en est une dans le nombre qui en travaillant laisse tomber son fardeau, aussitôt elle est mise en pièces par ses compagnes, qui, aux cris d'évoé, évoé, promènent autour du temple les membres de leur victime, et ne s'arrêtent que quand la crise furieuse qui les possède s'est apaisée d'elle-même. Or ce travail ne s'achève jamais sans que quelqu'une d'entre elles se soit laissée choir et ait subi ce triste sort.

 

Chorographie (De Chorographia) - livre III, chapitre 6 (Iles de l'Hispanie extérieure et de l'océan Septentrional)
Pomponius Mela, né vers 15 dans le sud de l'Espagne et mort vers 80 à Rome

L'Ile de Sena [Sein], dans la mer Britannique au large du littoral des Osismes, est célèbre pour son orcale d'une divinité gauloise. Ses prêtresses sont réputées être neuf, saintes et éternellement vierges. On les appelle les Gallisenae [Gallicènes] et on croit qu'elles sont capables de prévoir l'avenir, de calmer les vents et les flots par leurs chants, de se métamorphoser elles-mêmes en animaux et de guérir ce qui ailleurs est inguérissable.

 

 

Extraits de textes à propos du gui :

Histoire Naturelle (Historia Naturalis) - livre XVI, chapitre 95, 1 et 2
Pline l'Ancien, né en 23 dans le nord de l'Italie et mort en 79 près de Naples (actuelle Italie)

Il ne faut pas oublier à propos du gui l'admiration que les Gaulois ont pour cette plante. Aux yeux des druides (c'est ainsi qu'ils appellent leurs mages) rien n'est plus sacré que le gui et l'arbre qui le porte, si toutefois c'est un [chêne] rouvre. Le rouvre est déjà par lui-même l'arbre dont ils font les bois sacrés ; ils n'accomplissent aucune cérémonie religieuse sans le feuillage de cet arbre, à tel point qu'on peut supposer au nom de druide une étymologie grecque. Tout gui venant sur le rouvre est regardé comme envoyé du ciel : ils pensent que c'est un signe de l'élection que le dieu même a faite de l'arbre.

Le gui sur le rouvre est extrêmement rare, et quand on en trouve, on le cueille avec un très grand appareil religieux. Avant tout, il faut que ce soit le sixième jour de la Lune, jour qui est le commencement de leurs mois, de leurs années et de leurs siècles, qui durent trente ans : jour auquel l'astre, sans être au milieu de son cours, est déjà dans toute sa force.

Ils l'appellent d'un nom qui signifie remède universel. Ayant préparé selon les rites, sous l'arbre, des sacrifices et un repas, ils font approcher deux taureaux de couleur blanche, dont les cornes sont attachées alors pour la première fois.

Un prêtre, vêtu de blanc, monte sur l'arbre, et coupe le gui avec une serpe d'or ; on le reçoit sur une saie blanche ; puis on immole les victimes, en priant que le dieu rende le don qu'il a fait propice à ceux auxquels il l'accorde. On croit que le gui pris en boisson donne la fécondité à tout animal stérile, et qu'il est un remède contre tous les poisons. Tant, d'ordinaire, les peuples révèrent religieusement des objets frivoles !