LA JAMAÏQUE
Isaïe, chapitre 11 verset 11 : Isaïe, chapitre 42 versets 4 à 12 :
L'histoire de cette dernière sort un peu du commun. Découverte le 4 mai 1494 par Christophe Colomb (1451-1506), le peuple qui l'habitait originellement, les Indiens Arawak, l'appelait Xaymaca (« Terre des bois et des eaux »). Les Espagnols lui donnèrent le nom de Santiago et y installèrent un gouverneur. Ils mirent en esclavage la population indigène, considérée comme païenne, qui sera presque totalement décimée au cours de quelques décennies qui suivront. À partir de 1509, les colons firent venir par bateaux des esclaves d'Afrique de l'Ouest dans des conditions déplorables. Au XVIIème siècle, l'île devient un important marché aux esclaves ainsi qu'un carrefour international de la piraterie. L'histoire de la Jamaïque a voulu que Port Royal, la ville de la débauche et de la contrebande en tout genre, soit engloutie par un tremblement de terre le 7 juin 1692, phénomène toujours considéré comme une sanction divine. En 1655, les troupes anglaises commandées par William Penn envahissent l'île. Profitant du désordre, un groupe de Noirs décident de s'échapper dans les collines de Clarendon (vers May Pen) : on les appela les Cimarrons ou Marrons (nom espagnol donné aux animaux domestiques retournés à l'état sauvage). Dès la fin du XVIIème siècle les révoltes d'esclaves éclatèrent ; aidés par les Marrons et leurs chefs charismatiques comme Quao et Cujoe, ils répandirent la terreur auprès des propriétaires blancs. En 1738, après des combats avec les troupes anglaises, on accorda aux Nègres Marrons des terres en échange de la paix (Nèg' Marrons c'est aussi le nom d'un groupe de Rap/DanceHall français avec Jacky et Ben-J). Une nouvelle révolte conduite par Sam Sharpe éclata en 1831 qui favorisa l'abolition de l'esclavage. En 1834, le gouvernement de l'île met les Noirs dans une période de transition vers la liberté qui durera quatre ans où ils travailleront pour des salaires de misère. Cette période marquera aussi l'arrêt des déportations forcées d'Africains vers la Jamaïque qui seront remplacés par des travailleurs volontaires venus d'Inde, de Chine ou d'Afrique. Douze ans plus tard, l'île subit une grave crise économique due à l'abandon des débouchés garantis pour les produits agricoles (canne à sucre, cacao…). En 1865, Paul Bogle et son frère Moses encouragent les affranchis à descendre dans la rue pour manifester contre une lettre de la reine Victoria (1819-1901) qui conseille aux planteurs britanniques de maintenir les bas salaires. Lors des manifestations de Morant Bay, deux manifestants furent interpellés et le cortège décida de les libérer en brûlant le tribunal. Paul Bogle et son ami George William Gordon, un ancien parlementaire métis, furent arrêtés et pendus. À la suite de ces évènements, l'île est placée sous l'administration directe de la Couronne britannique, régime qui durera jusqu'en 1884 et qui apportera la première Constitution de l'île et une stabilité relative. La crise des années 30 et l'arrivée de mouvements revendicatifs dont celui de Marcus Garvey donneront lieu à d'importantes manifestations notamment en 1938 en faveur de l'autonomie de l'île. L'histoire des Jamaïcains est donc parsemée de révoltes ce qui fait d'eux un peuple insoumis et épris de liberté comme le sont les rastas. Toujours sous le joug anglais, la Jamaïque fera partie entre 1958 et 1961 de la Fédération des Indes Occidentales et ne deviendra indépendante qu'en 1962. Aujourd'hui elle garde des relations avec l'Angleterre grâce au Commonwealth dont elle est membre depuis 1931.
Au lendemain de l'autonomie, c'est un membre travailliste du Jamaican Labour Party, Alexander Bustamante, qui devient Premier Ministre ; il sera remplacé en 1967 par Hugh Shearer (JLP). Peu à peu, le gouvernement au pouvoir voit la montée du People's Political Party, parti créé en 1928 par Marcus Garvey qui encourage la négritude, une vraie émancipation des Noirs et la fin de l'esclavage mental. Mais aux législatives de 1972 c'est pourtant le People's National Party de Michael Norman Manley qui est élu. Il décide une politique de « socialisme démocratique » favorable au modèle castriste.
Soutenu par les Américains qui craignent que l'île sombre dans le socialisme avec Manley, le JLP reprend le pouvoir en 1980 avec Edward Seaga comme Premier Ministre qui veut une économie libérale et un apport de capitaux étrangers. Avec la baisse du prix du bauxite (minerai qui représente une part considérable des exportations jamaïcaines) et l'ouragan Gilbert de septembre 88, l'île eut beaucoup de mal à se relever.
Le drapeau jamaïcain (depuis 1962) : |